Recensement des écrits du for privé en France de la fin du Moyen Age à 1914

Les écrits du for privé, aussi appelés ego-documents, sont des textes non-littéraires produits par des gens ordinaires. Ils vont du simple livre de raison ou livre de famille aux formes plus complexes du diaire, de l’autobiographie, des mémoires historiques, et de toutes les sortes de journaux (intime, militaire, de voyage, diplomatique, médical etc.).

Les écrits du for privé sont apparus dans toutes les régions d’Europe à la fin du Moyen Age alors que les sociétés devenaient de plus en plus économiquement diversifiées et que se développaient des stratégies individuelles pour assurer la survie ou l’ascension sociale des familles. L’apparition de ces textes est d’ailleurs présentée parfois comme un des signes liés à l’émergence de l’individu dans la société occidentale à partir de la Renaissance. Ils sont ensuite devenus de plus en plus communs durant l’époque moderne et ils ont connu une diversification sans précédent de leurs formes discursives dans la seconde moitié du XVIIIe siècle avec, en particulier, le triomphe de l’autobiographie après le succès des Confessions de Jean-Jacques Rousseau. Le 19e siècle peut être considéré comme l’âge d’or de ce type de textes lorsque tenir son journal devint une activité à la mode et même une activité recommandée aux enfants, en particulier aux jeunes filles, par les parents. Certains d’entre eux ont alors été publiés mais la majeure partie est demeurée inédite : beaucoup ont disparus à jamais ; d'autres sont encore ensevelis dans les greniers ou les caves ; certains ont été déposés dans les dépôts d’archives ou les bibliothèques publiques.

L’intérêt scientifique pour les écrits du for privé est assez ancien en France où les sociétés savantes ont commencé à en publier à la fin du XIXe siècle. Les érudits locaux pensaient, en effet, qu’ils reflétaient fidèlement les joies et les souffrances des familles de l’Ancien Régime avant les troubles de la Révolution française et de la révolution industrielle. Ces textes ont attiré à nouveau l’attention des historiens et des spécialistes de littérature, comme Philippe Lejeune, depuis les années 1970 et 1980. A cette période, l’histoire sociale traditionnelle, qui reposait sur l’analyse de sources quantitatives pour faire une étude macrohistorique des classes et des groupes sociaux, s’est effacée au profit d’une nouvelle histoire sociale plus attentive aux cycles de vie et aux trajectoires individuelles. Les écrits du for privé sont alors devenus une source de plus en plus utilisée par les chercheurs en particulier par ceux qui sont à l’origine de ce projet et qui ont été profondément influencé par les littéraires, les sociologues et les anthropologues.

Notre projet consiste donc en un recensement général de ce type de textes, écrits entre la fin du Moyen Age et le début du vingtième siècle, et qui sont conservés dans les dépôts d’archives et les bibliothèques publiques françaises.

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